Les flops de la saison cycliste : la mort de Mäder, la fusion Jumbo-Soudal avortée, les grands tours compliqués de Remco…
Décès, menace de disparition, déceptions ou occasions manquées, la saison a aussi connu ses tristes et mauvais moments.
- Publié le 24-12-2023 à 15h45
- Mis à jour le 24-12-2023 à 15h48
Le décès du jeune Suisse restera le principal drame de la dernière saison qui a connu aussi son lot de déceptions.
La mort au tournant
Le jeudi 15 juin, dans la descente du col de l’Albula menant à l’arrivée de la 5e étape du Tour de Suisse, Gino Mäder est sorti trop vite d’un virage. Le jeune Suisse, 26 ans, de l’équipe Bahrain Victorius fut retrouvé inanimé, gisant dans un torrent. Malgré les efforts des services médicaux arrivés directement, qui le réanimèrent avant de l’héliporter vers l’hôpital de Coire, Mäder n’allait pas survivre le lendemain à ses graves blessures. Sa mort tragique s’ajoute à celles, trop nombreuses, survenues depuis plus d’un siècle de coureurs décédés sur la route. Elle rappelle bien sûr la dangerosité du sport cycliste.
Quelques jours plus tard, sur les routes du Tour de France qu’il aurait dû courir, Pello Bilbao, vainqueur de la 10e étape à Issoire, et Matej Mohoric, gagnant de la 19e étape à Poligny, ne manquèrent pas de lui rendre d’émouvants hommages.
L’OPA manquée
Un bref feuilleton a agité le peloton à l’automne. Au soir de l’Euro, fin septembre, le site Wielerflits a lancé une bombe qui mit en évidence la fragilité économique du cyclisme : depuis juillet, les dirigeants de Jumbo-Visma et Soudal Quick-Step étudiaient la possibilité d’une fusion pour prévenir le futur retrait de Jumbo et la volonté de Patrick Lefevere de prendre du recul.
Une fusion qui, en fait, se révéla vite être une absorption pure et simple de la formation belge, 5e mondiale, par la Néerlandaise, 1re. Deux semaines plus tard, le soufflé retomba, les protagonistes préférant renoncer à cette OPA, plutôt hostile, avortée.
Quelques jours plus tôt, la réaction d’Ilan Van Wilder après son succès aux Trois Vallées varésines résumait ce que l’on pensait de ce mariage forcé dans le clan belge où la meilleure équipe belge du XXIe siècle était menacée de disparaître.
”Cette victoire est pour montrer que nous ne sommes pas d’accord avec toute cette m…”, déclara le Brabançon.
L’argent ne fait pas le bonheur
Difficile de parler de flops à propos d’un des meilleurs coureurs du monde, d’un homme qui a gagné le G.P. E3, le National de chrono ou le Tour de Grande-Bretagne. Pourtant, la saison de Wout van Aert n’a pas été celle d’un coureur à propos duquel les attentes sont énormes. À l’hiver, le coureur de Jumbo-Visma avait évoqué son principal objectif : gagner le Tour des Flandres, Paris-Roubaix et/ou le Mondial.
Dans les trois cas et dans d’autres, van Aert a multiplié les bonnes et souvent très bonnes prestations, mais il a été régulièrement dominé par l’un ou l’autre, et souvent par son éternel rival, Mathieu van der Poel. Le Campinois a manqué ses principaux rendez-vous collectionnant de nouveaux accessits à l’image de ces nouvelles médailles d’argent lors des Mondiaux sur route et de cyclo-cross et à l’Euro sur route.
Déceptions en grand tour
Le même constat doit s’appliquer à Remco Evenepoel dans les grands tours. Auréolé par sa belle victoire à la Vuelta, en 2022, confiant après un excellent début de saison, le champion du monde s’est présenté au Tour d’Italie dans la peau du principal favori avec Primoz Roglic.
Dès le départ, Remco s’est emparé du maillot rose gagnant le chrono. Malgré une chute et un maillot rose cédé stratégiquement, Evenepoel semblait en position favorable jusqu’à ce que, dans les 8e et 9e étapes, le prodige de Schepdaal ne montre des difficultés inquiétantes. Quelques heures après son succès lors du contre-la-montre remporté au forceps pour une seconde, le maillot rose quitta le Giro, positif à la Covid.
Trois mois plus tard, Evenepoel retrouva la Vuelta mais aussi Roglic, épaulé par l’inattendu Vingegaard et l’inoxydable Kuus. Dès le 3e jour, le Belge gagna et prit le maillot rouge, tout en heurtant une spectatrice. Une dizaine de jours plus tard, il sombra dès les premières difficultés de la 13e étape menant au Tourmalet, perdant 27 minutes. Remco multipliera ensuite les coups d’éclat (deux étapes supplémentaires, le maillot à pois et le titre de super combatif) mais sa défaillance dans les Pyrénées pose plus de questions, et notamment sa capacité à gagner un jour le Tour, qu’elle n’apporte de réponses.
En bout de course
Pendant plusieurs années, Peter Sagan a enchanté par ses facéties et ses exploits le cyclisme. Sa dernière saison dans les pelotons aura pourtant été celle de trop et le Slovaque, qui s’est traîné de janvier à octobre, le fantôme du triple champion du monde, du septuple maillot vert et du vainqueur du Tour des Flandres ou de Paris-Roubaix, qui ravissait ses innombrables fans.